Dans le paysage complexe et souvent déroutant de la santé intestinale, obtenir des conseils clairs et pratiques peut s’avérer une tâche ardue, surtout pour ceux qui découvrent les défis liés à leur système digestif. En tant que personne ayant atteint une rémission clinique d’une rectocolite hémorragique depuis plusieurs années, je souhaite partager une perspective précieuse et accessible basée sur mon expérience personnelle.
Après avoir été diagnostiqué d’une MICI et traversé une crise aiguë nécessitant une hospitalisation prolongée, plusieurs transfusions sanguines et une perte de poids significative, j’ai exploré le concept du microbiote intestinal et découvert que les patients atteints de maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI) présentaient généralement un microbiote déséquilibré, ou dysbiotique.
Intrigué par le potentiel d’optimisation du microbiote par la nutrition et l’exercice, j’ai élaboré mon propre protocole alimentaire avec des résultats remarquables, me menant à une rémission clinique durable. Dans cet article, je partage cinq règles fondamentales à suivre et cinq erreurs courantes à éviter, des principes qui m’auraient été extrêmement utiles au début de mon parcours vers la guérison.
Sommaire
L’Importance du Microbiote Intestinal dans les MICI
Le microbiote intestinal est une communauté complexe de micro-organismes, principalement des bactéries, qui résident dans notre intestin. Ces bactéries jouent un rôle crucial dans de nombreux aspects de notre santé, notamment :
- La digestion des fibres alimentaires que notre corps ne peut pas décomposer seul
- La production d’acides gras à chaîne courte (AGCC), qui servent de carburant pour les cellules intestinales
- Le maintien de l’intégrité de la barrière intestinale grâce aux jonctions serrées
- La prévention de l’inflammation excessive
Les patients atteints de MICI présentent souvent une dysbiose, un déséquilibre dans la composition et la fonction de leur microbiote intestinal. L’optimisation de ce microbiote peut potentiellement inverser le processus inflammatoire en rétablissant un équilibre favorable au sein de la communauté microbienne intestinale, influençant positivement la santé de la muqueuse intestinale et réduisant l’inflammation.
Règle Numéro Un : Prendre au Sérieux les Sept Piliers de la Santé Intestinale
Pour structurer votre approche de l’optimisation de la santé intestinale, voici sept piliers fondamentaux à intégrer dans votre régime alimentaire, votre style de vie et votre routine d’exercice :
1. Aliments Probiotiques Fermentés
Ces aliments sont essentiels pour introduire des bactéries bénéfiques dans l’intestin. Ces probiotiques consomment les fibres prébiotiques solubles et certaines fibres insolubles que notre corps ne peut digérer, produisant ainsi des acides gras à chaîne courte.
Parmi les options recommandées :
- Le kéfir, une boisson laitière fermentée contenant des souches probiotiques spécifiques
- Les yaourts fermentés riches en souches bactériennes bénéfiques
- Les légumes fermentés (en tenant compte de votre tolérance individuelle aux différents types de fibres, surtout en cas d’inflammation active)
2. Fibres Prébiotiques Solubles
Ces fibres servent de nourriture aux bactéries probiotiques et sont métabolisées pour produire les précieux acides gras à chaîne courte. Privilégiez les aliments doux comme :
- Les myrtilles
- Les bananes
- Les pommes de terre pelées et écrasées
Ces aliments deviennent généralement mous et pâteux lors de la mastication, ce qui indique leur richesse en fibres solubles.
3. Gélatine
La gélatine, une forme cuite de collagène, est riche en Lysine et Proline, des acides aminés importants pour la restauration et le maintien de l’intégrité structurelle de la barrière intestinale. Elle aide à « sceller » l’intestin et à prévenir la perméabilité intestinale (leaky gut), source majeure d’inflammation.
Une consommation quotidienne de gélatine peut s’avérer bénéfique pour renforcer la muqueuse intestinale et favoriser sa cicatrisation.
4. Optimisation des Micronutriments
Assurer un apport adéquat en vitamines et minéraux est crucial, aspect souvent négligé en cas de problèmes digestifs. Portez une attention particulière à :
- La thiamine (vitamine B1), essentielle au métabolisme énergétique des cellules intestinales
- Les vitamines liposolubles (A, D, E, K)
- Le magnésium, impliqué dans plus de 300 réactions enzymatiques
Les problèmes d’absorption liés aux troubles digestifs peuvent entraîner des carences significatives. Un multivitamine de haute qualité peut constituer un complément utile à votre alimentation.
5. Eau Propre
La qualité de l’eau consommée a un impact significatif sur le microbiote intestinal. L’eau du robinet peut contenir des produits chimiques (chlore, fluor), du plomb et d’autres substances qui, même en faibles quantités, peuvent endommager le microbiote.
Un système de filtration par osmose inverse avec une étape de reminéralisation représente une solution optimale pour disposer d’une eau de qualité.
6. Exercice Physique
Souvent sous-estimé dans le contexte des MICI, l’exercice physique joue un rôle crucial dans la guérison intestinale. Il est recommandé de pratiquer :
- La musculation au moins trois fois par semaine
- Des exercices de haute intensité comme les sprints (si votre condition le permet)
L’exercice améliore la circulation du système lymphatique, renforce le corps et a des effets bénéfiques sur la composition du microbiote intestinal. Adaptez toujours l’intensité de votre activité à votre état de santé actuel.
7. Sommeil
Un sommeil de qualité est essentiel pour la guérison et la régulation de l’inflammation. Visez un minimum de 8 heures de sommeil par nuit, avec idéalement jusqu’à 10 heures (incluant les siestes) en période de rémission active.
Évitez la lumière bleue au moins une heure avant le coucher pour ne pas perturber la production de mélatonine, hormone essentielle au cycle du sommeil et dotée de propriétés anti-inflammatoires.
Règle Numéro Deux : Prioriser les Aliments Avant les Compléments

L’alimentation doit être la base de tout protocole de santé intestinale. Les compléments alimentaires peuvent être coûteux et leur efficacité parfois variable. Soyez stratégique dans le choix des compléments, en optant pour un minimum de produits offrant le meilleur rapport qualité-prix.
Parmi les compléments potentiellement utiles :
- Probiotiques de qualité médicale : Certaines formulations ont montré des résultats prometteurs dans les études cliniques sur les MICI
- Thiamine (Vitamine B1) : Essentielle pour la production d’énergie par les cellules épithéliales intestinales
- Magnésium Malate : Généralement bien toléré, à prendre avec de la nourriture
- Gélatine : Cruciale pour l’intégrité de la barrière intestinale
- Téguments de Psyllium : Une fibre soluble qui absorbe l’eau et forme un gel visqueux, pouvant aider à la fois en cas de constipation et de diarrhée
Règle Numéro Trois : Cultiver la Curiosité
Il est essentiel d’être curieux et de vouloir apprendre le plus possible sur votre propre condition. Explorez, cherchez des solutions et adaptez votre approche si quelque chose ne fonctionne pas.
Face à la masse d’informations disponibles, développez la capacité à discerner les informations utiles de celles qui ne le sont pas. Une approche recommandée consiste à « faire son marché » parmi les informations qui ont aidé d’autres personnes ayant vécu des expériences similaires, en les intégrant prudemment à votre propre protocole.
Si une information est bénéfique, conservez-la ; sinon, rejetez-la. Comprendre les mécanismes sous-jacents de votre maladie (comme le rôle du microbiote dans la perméabilité intestinale et l’inflammation) vous permettra de mieux planifier et d’adapter votre stratégie de guérison.
Règle Numéro Quatre : Décider de Changer Votre Vie
Cette règle simple est peut-être la plus critique et la plus difficile à mettre en œuvre. Elle implique une réorientation des priorités vers l’alimentation, l’exercice et le sommeil.
Rappelez-vous que « personne ne se souciera jamais autant de votre propre santé que vous« . L’amélioration de la santé est une démarche personnelle qui nécessite une action volontaire. Beaucoup d’entre nous résistent initialement aux changements de mode de vie nécessaires, mais la persistance et la détérioration progressive de la santé finissent par convaincre de l’importance de prendre sa santé en main.
« Les résultats extraordinaires exigent une action extraordinaire » – cette maxime souligne la nécessité d’un effort constant et soutenu pour obtenir des améliorations significatives. La décision d’améliorer votre qualité de vie et de prendre les mesures nécessaires vous appartient entièrement.
Règle Numéro Cinq : S’Attendre à Échouer Souvent au Début
La mise en place d’un protocole de santé intestinale est un processus qui prend du temps et comporte inévitablement des échecs et des déceptions. Intégrez cette réalité et ne vous découragez pas face aux contretemps.
Les tentatives infructueuses sont normales, qu’il s’agisse de l’exclusion du gluten ou de l’essai de certains compléments sans résultats significatifs. Persévérez, continuez d’essayer différentes approches et considérez la recherche de solutions comme l’assemblage d’un puzzle unique à votre situation personnelle.
Chaque personne est différente, son microbiote est unique, et il faudra du temps pour trouver les pièces qui s’assemblent correctement. Il est normal de se tromper et d’ajuster son approche en cours de route.
Erreur Numéro Un : Ne Pas Éviter les Salades en Période d’Inflammation
Contrairement à une idée reçue, les salades, riches en légumes à feuilles vertes (épinards, chou, kale, roquette), constituent une source importante de fibres insolubles ou « roughage ». Ces fibres ne se transforment pas en une pâte molle lors de la mastication ou du mélange.
En présence d’inflammation intestinale, ces fibres rugueuses peuvent irriter les zones enflammées lors de leur passage. Si la consommation de salades entraîne une aggravation de vos symptômes, cela en est probablement la cause.
Il est donc vivement conseillé d’éviter les salades et autres sources importantes de fibres insolubles en cas d’inflammation active, malgré leurs bienfaits nutritionnels généraux.
Erreur Numéro Deux : Trop Analyser les Causes des Symptômes
Face à l’apparition de symptômes de crise, une réaction fréquente chez les personnes atteintes de MICI est de passer en revue mentalement tout ce qui a été consommé récemment, en cherchant le « coupable ».
En réalité, en cas d’inflammation intestinale (zones rouges et irritées, comparables à une plaie ouverte), n’importe quel aliment, même mou, peut provoquer une irritation mécanique lors de son passage. Il est donc souvent improductif d’hyper-focaliser sur un aliment spécifique comme étant la cause unique d’une poussée.
La meilleure approche consiste à maintenir un protocole alimentaire basé sur des aliments majoritairement mous, comme :
- Viandes tendres et bien cuites
- Légumes cuits jusqu’à ce qu’ils soient tendres (brocoli, chou-fleur, carottes)
- Féculents faciles à digérer (riz blanc, pommes de terre pelées au four ou en purée)
Même ces aliments peuvent causer une irritation en cas d’inflammation sévère, mais ils représentent une option plus sûre que les aliments riches en fibres insolubles.
Erreur Numéro Trois : Consommer Alcool et Café Pendant les Crises
En période de crise ou d’inflammation, la consommation d’alcool est formellement déconseillée, car elle peut nuire au microbiote intestinal et aggraver significativement l’état inflammatoire.
Le café, en tant que stimulant puissant, favorise les mouvements intestinaux peu de temps après sa consommation. Chez une personne ayant un intestin ou un côlon hypersensible ou enflammé, cela peut exacerber considérablement les symptômes douloureux.
Ces deux substances sont relativement faciles à éviter temporairement, et leur réintroduction progressive peut être envisagée uniquement une fois la santé intestinale significativement améliorée et stabilisée.
Erreur Numéro Quatre : Céder au Court-Termisme et à l’Approche du Tout ou Rien
Deux écueils particulièrement préjudiciables guettent les personnes en quête d’une meilleure santé intestinale :
- Le court-termisme se manifeste lorsqu’on essaie une approche (régime, exercice, complément) pendant une période trop courte et qu’on l’abandonne faute de résultats immédiats. Il est crucial de donner suffisamment de temps aux interventions pour qu’elles puissent produire un effet, particulièrement concernant la consommation de probiotiques et les changements alimentaires. Bien sûr, si une intervention provoque une aggravation significative des symptômes, il convient de l’arrêter immédiatement.
- L’approche du tout ou rien survient lorsqu’après avoir suivi un protocole rigoureusement pendant quelques jours, une transgression (un repas non conforme, un oubli) conduit à un sentiment d’échec et à un abandon total des efforts.
Rappelez-vous qu’une erreur occasionnelle est normale et ne doit pas entraîner un renoncement complet. Il vaut infiniment mieux faire 80% des bonnes choses de façon constante que de ne rien faire du tout ou d’alterner entre 100% et 0%. En cas d’écart, reprenez simplement votre protocole dès le lendemain et efforcez-vous d’être aussi constant que possible sur le long terme.
Erreur Numéro Cinq : Considérer les Médicaments Comme un Ennemi
Une question potentiellement controversée mais cruciale : il ne faut pas considérer les médicaments comme un ennemi dans votre parcours de guérison. Lors d’une crise sévère de MICI, la médecine moderne (notamment les transfusions sanguines, les corticoïdes, les immunosuppresseurs ou les biothérapies) peut jouer un rôle vital pour éviter des complications graves.
Bien qu’il soit compréhensible de ne pas vouloir dépendre de médicaments à vie, il est important d’éviter les positions extrêmes (« jamais de médicaments » ou « uniquement les médicaments »). L’approche la plus sage consiste à utiliser tous les outils disponibles pour retrouver la santé.
Les médicaments peuvent aider à réduire l’inflammation et les symptômes, offrant ainsi un répit précieux qui permet de mettre en place des changements nutritionnels et d’exercice fondamentaux. Cette suppression temporaire des symptômes crée une « zone tampon » pour corriger les problèmes sous-jacents à votre MICI.
Avec l’amélioration de votre état grâce à ces changements fondamentaux, il peut être possible, en concertation étroite avec votre équipe médicale, d’envisager une réduction progressive voire un arrêt des médicaments. Ce processus doit être individualisé et nécessite un suivi médical attentif.
L’idée maîtresse est d’utiliser la médecine conventionnelle comme un outil temporaire facilitant la mise en œuvre de stratégies à long terme visant à corriger les causes profondes de vos problèmes de santé intestinale.
Conclusion
Ces conseils, basés sur une expérience personnelle de rémission d’une rectocolite hémorragique, offrent une feuille de route précieuse pour ceux qui débutent leur parcours vers une meilleure santé intestinale.
En prenant au sérieux les sept piliers de la santé intestinale, en priorisant les aliments avant les compléments, en cultivant la curiosité, en décidant résolument de changer votre vie et en vous attendant à des échecs initiaux inévitables, tout en évitant les erreurs courantes détaillées dans cet article, vous posez des bases solides pour améliorer durablement votre qualité de vie.
Cette approche holistique et pragmatique, ancrée dans la compréhension du microbiote intestinal, offre un message d’espoir et des pistes d’action concrètes pour naviguer dans le complexe domaine des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin et retrouver une vie épanouie malgré le diagnostic initial.
Avez-vous des questions sur l’un de ces principes ou souhaitez-vous un accompagnement personnalisé dans votre parcours vers la rémission ? N’hésitez pas à laisser un commentaire ci-dessous ou à me contacter directement via la page « Contact » du blog.